TOP VAN JMUSIC 2023

Plus de mise à jour sur VANJMUSIC depuis une année entière, certes, mais comme toutes les bonnes choses, elles méritent un point final, ou un pointillé, je ne sais pas encore. Mais avant de dessiner ce point ou ces points, et comme un malheur n’arrive jamais seul, je vais donc vous proposer un petit dossier, sélectionnant les quelques petites choses qui m’ont quelqu’un fait vibrer un poil d’oreille durant l’année.

tpop

C’est donc parti pour mon (traditionnelle, mais incertain) TOP VAN JMUSIC 2023. Une année 2023 agréable ou le « marché du disque » semble se rentabiliser avec rééditant, remastérisant, collectorisant à tout va, faisant le bonheur des collectionneurs de toute époque (même un ancêtre comme moi). La prise de risque et donc minimal et mis à part les triples A des maisons de productions, les petits artistes ont clairement galéré à se rentabiliser avec des microéditions à la limite de l’artisanat.

TOP VAN JMUSIC 2023

(-1-) Mioko Yamaguchi Tsuki hime ~40th Anniversary Edition~

01 miokoMètre en numéro 1 une réédition d’un album sorti en 1983 peu paraitre quelqu’un délirant. Cependant les choses sont plus complexes qu’elle semble l’être. Mioko Yamaguchi est une artiste géniale qui avec seulement trois petits albums sortis entre 1980 et 1983, a « révolutionné » le genre. Les médias lui ont donné le surnom de « princesse de l’électronique », il est vrai qu’avec ses mélodies entrainantes et sa finesse dans la production, Mioko a clairement apporté un vrai quelque chose dans une production city-pop naissante (et déjà en perte de vitesse).

Avec son ultime album, Tsuki hime, la chanteuse mis fin à sa carrière sur sa « pièce maîtresse » qui deviendra un standard du genre « électro city-pop ». Elle reprendra sa carrière en 2019 avec d’excellent album (dont une petite bombe l’année dernière) et pas mal de nouvelles versions de ses anciens titres intelligemment revisités.

Cette édition ultime et sacrément intéressant et indispensable. D’une part on retrouve sur le premier disque l’album original sorti en 1983 bénéficiant d’un remaster sublime (par l’artiste elle-même et en coopération avec son coproducteur de l’époque), d’autre part, la chanteuse ne nous propose pas moins de 15 nouvelles versions de ces titres toute absolument excellentes, inédites et originales.

Un must have bénéficiant d’une édition ultra soignée (qui se paye c’est certain), auquel j’y ajoute une réédition au format vinyle sortie quelques mois plus tard. Je resterai sibyllin sur la qualité artiste et le style du bazar, mais franchement, branchez votre meilleur casque et profiter de cet univers dingue, qui, car Mioko est aussi une technicienne du son, est sacrément bien rendu. Bref sublimissime du début à la fin.

(-2-) filmsat the deep end

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Le vrai faux groupe films, composé de « deux artistes inventés », qui sont en fait le collectif du Ricco Label, et particulièrement les membres de Anoice (Takahiro Kido et Yuki Murata en tête), est enfin de retour, après des années d’absence et le très réussi album Signs from the past (2016).

Intitulé at the deep end, ce disque regroupe quelques titres sortis en single et de nouvelles « chansons ». Il s’agit d’une synthèse de la « dark cinematic vocal music » et prend la suite logique des précédentes productions du groupe. Je trouve même ce disque plus sombre que les autres et de mon côté, le groupe films est la meilleure configuration possible des artistes de ce collectif (en tout cas celle qui me touche le plus).

Cet album est puissant, ciselé, imagé, superbement produit et masterisé et là encore, un bon casque vous fera décoller dans cet univers et cette histoire sans paroles qui s’enchaîne avec les pistes aux mélodies entêtantes qui se répètent dans des variations superbes.

(-3-) Uri Nakayama – tempura

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Lumière, lumière, lumière et beaucoup de soleil dans ce nouvel album très attendu (par moi) d’Uri Nakayama. Je trouve qu’avec le temps cet artiste devient encore meilleur. Ce disque est une synthèse des styles de la chanteuse, tant il assume ses influences latines américaines et caribéennes.

Uri Nakayama nous a préparé avec soin de délicieuses tempuras au gout d’ailleurs (enfin deux fois d’ailleurs pour nous Français), enchainant ses charmantes mélodies dans un univers savoureux mélangeant à l’envie la bossa-nova (Umi no soko no piano aurai pu être une chanson de Lisa Ono), mais aussi des airs de tango, de scat, de folk, de jazz, voire de musette, avec quelques titres s’approchant de la musique calypso ! (Oui, je parle de toi Meringue). Uri est également une des plus « douce » trompettistes que je connaisse et joue divinement de l’accordéon.

Un mélange ultra maitrisé, prenant ce qu’il faut pour une charmante bouffée d’exotisme, sans tomber dans la musique traditionnelle et des adaptations ratées. Tout fonctionne à la perfection du début à la fin et l’album s’écoute avec un plaisir incroyable, passant de la joie et la douce émotion nostalgique. Certes, il y a surement une certaine redite dans la longue discographie de la chanteuse, mais c’est toujours un émerveillement qui met en joie, et joie nous en avons tant besoin.

(-4-) u-full Kanseito

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Le groupe u-full originaire d’Osaka (que j’ai eu le plaisir de rencontrer à plusieurs reprises) est ultra actif depuis une petite dizaine d’années, enchaînant les divers projets en duo ou en solo. En début d’année il nous apporte un nouveau disque intitulé Kanseito.

Si la filiation avec ZABADAK est assumée, consommé et inévitable, le groupe tente de s’orienter dans quelques hors-pistes plus pop, ou instrumentaux, mais on reste en terrain connu avec ce nouveau disque qui enchaine à bon rythme les airs dynamiques, parfois ultra produit. La respiration viendra des très réussies ballades qui prouve une nouvelle fois que le trop et l’ennemie du bien.

Le groupe reste indépendant et s’autoproduit plutôt très bien, privilégiant la scène avec de très nombreux concerts (dont beaucoup sont filmés puis vendus sous forme de DVD/Blu-ray) à une fan base de plus en plus nombreuse. Un album logique, cohérent, bien conçu, agréable (si l’on met de côté l’envie d’en faire trop parfois avec des arrangements trop chargés), à défaut de révolutionner le style du groupe.

(-5-) Hiroko Taniyama50th Anniversary Year Finale ~Concert 2023~

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Hiroko Taniyama n’a plus rien à prouver, sans doute pas après 50 ans de carrière d’une densité incroyable. Après un concert l’année dernière (dont la set-list a été improvisé en direct avec 5 musiciens, en tirant au hasard des titres), ce concert anniversaire est plus classique avec ses amis AQIshii et le violoniste Neko Saito. L’harmonie entre ces artistes fonctionne parfaitement (ils se connaissent depuis tellement d’années) et les chansons proposées tournent autour des grandes classiques de la chanteuse (avec quelques petites surprises), on retrouve des titres cultes comme MAY, Teru no uta, Makkura mori no uta, Oukoku, Mado, etc.

Petit regret, pas de films de ce concert, et j’aimerai attendre des chansons plus rares que j’aime beaucoup. Maintenant j’attends la suite avec impatience, car la chanteuse reste très active. Un album original bientôt ? Je l’espère !

(-6-) Ikuko HaradaIma

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Membre du célèbre groupe Clammbon, la compositrice et chanteuse Ikuko Harada a sorti quelques albums solos dans les années 2000-2010. Elle fait un retour inentendu avec un disque, improbablement expérimental, épuré et qui fonctionne si bien.

Des petites touches de pas grand-chose qui s’entremêlent et se déplient avec douceur et émotion. Cet album interpelle par sa structure alternant chansons courtes et chansons longues de plus de 10 minutes. Ikuko nous invite dans son chez elle… Et c’est vraiment un moment ravissant.

Tout est question de tempo, de tonalité, de justesse. La maitrise est vraiment sensationnelle, de quelques notes d’un piano endormi, les chansons se déroulent, prennent de l’ampleur pour s’assombrir et s’encombrer avant de relâcher la pression pour retourner dans une douceur lumineuse, nostalgique et d’une si belle simplicité. Foncez sur l’édition collector dans une grande boite plein de beauté et de simplicité.

(-7-) Rei ShibakusaNanbei no nouzenkazura

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Cette artiste très indépendante et un peu folle m’a toujours beaucoup intéressé. J’aime beaucoup sa voix très particulière, mais aussi les chansons qu’elle propose qui sont parfois étonnantes par leur thématique (et leur longueur).

Cela faisait plus de 20 ans que la chanteuse n’avait pas sorti d’album. La chose est enfin réparée avec ce disque un peu foufou, plutôt doux, parfois amusant, et hélas trop court ! Certes la chanteuse n’a pas le budget de ses ambitions, mais ce petit disque auto-produit mérite votre intérêt. A l’image du titre mizu, savoureux et étonnant.

(-8-) Jun NagamiMadam beats old piano in Zainiwasaka

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Une dame entre deux âges à la coiffure compliquée s’installe dans ce petit bar de rien perdu en banlieue de Fukushima. Tout est resté figé depuis 50 ans, tout est en bois, tout est lumineux et enfumé, tout est rassurant et charmant.

Jun Nagami s’installe devant un vieux piano et chante. Doux, puissant, violent, émouvant, dérangeant, militant, triste, délirant, innocent, incertain et joyeux. Il y a tout ça dans ce disque aussi improbable qu’il est en fait un CD-ROM fait main.

Mais comment expliquer qu’une dame entre deux âges à la coiffure compliquée avec un vieux piano dans un petit bar de rien perdu en banlieue de Fukushima puisse nous offrir tant de choses ? Comment ?

(-9-) KOKIA 25th Anniversary Best ~The lighthouse~

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J’ai beau dire du mal de KOKIA, car malgré sa personnalité insupportable et son ego stratosphérique, elle reste une grande artiste, une bonne compositrice et une vocaliste de géniales a la technique vocale dinguissime, l’empêchant la moindre fausse note…

Cette année la chanteuse se contente d’un double best of comportant des chansons récentes qu’elle a produites et distribuées. On retrouve principalement les titres de ces projets : « Animal », l’album Pieces 2 et les trois EP post-COVID.

Outre la qualité des chansons que l’on connait, ce double disque comporte de nouvelles chansons vraiment très réussites et sacrément bonnes ! Cela m’a surpris, car souvent dans ce type de best of, on met quelques inédits mineurs, mais la ils sont d’une très grande qualité. Petit coup de cœur pour The lighthouse et I’ll be there.

(-10 a-) Yoko Takahashi EVANGELION ETERNALLYHermitI yearn for you – Kawa o nagareru mono ni naru – Tsuki akari

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Yoko Takahashi est pour moi une artiste culte, car elle a fait partie des premières voix japonaises que j’ai entendues dans ma vie (avec Emiko Shiratori et Akino Arai). Je pense qu’elle n’a pas eu la carrière qu’elle aurait due, et même si c’est une chanteuse culte de l’anisong, elle avait beaucoup à offrir, notamment dans la pop chrétienne. Après avoir fui, tout son possible l’aura de la série Evangelion (dont elle signa les chansons), elle a décidé d’assumer et de devenir une sorte d’ambassadrice de la marque, et depuis elle y va à fond pour offrir sa voix à l’image de cette série culte (même si elle s’est fait lourder par la grosse Utada lors de la sortie des films remake…).

Elle propose cette année EVANGELION ETERNALLY, un EP avec des chansons sur la thématique Evangelion (chanson pour jeux vidéo et autre borne d’arcade chelou japonaise), mais aussi des chansons « à l’image de ». Comme Yoko est une femme intelligente, elle s’est investie dans ces titres en signant les paroles et parfois les musiques, lui rapportant des droits d’auteurs importants, mais aussi en passant ses messages et ses thématiques de l’amour pour la religion chrétienne. C’est un joli petit disque, très (trop) bien produit et assez satisfaisant.

Mais autre intérêt cette année, Yoko a crée un groupe avec 3 amis musiciens nommé Hermit. Elle a sorti au cours de l’année 3 chansons en téléchargement : I yearn for you, Kawa o nagareru mono ni naru et Tsuki akari. Et bien j’ai adoré ça ! Yoko a écrit et composé ces trois titres et on retrouve tout ce que j’ai aimé dans ces albums solos du passé. Oui, c’est ringard et classique (un groupe de darons), mais ça vient d’une vraie envie de dire quelque chose et Yoko reste une des plus belles voix japonaises… Donc oui ! un album solo pitié Yoko !

(-10 b-) Morita DojiFM Tokyo Pioneer Sound Approach jikkyou rokuon-ban

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« domo… », doux, plaintif, timide, perdu et irréel… Ce disque, réservé aux ultras fans, débute avec cet unique mot prononcé par Morita Doji avant de proposer ce live radio. L’histoire de Morita a été tellement racontée (un peu par moi il y a fort longtemps) qu’il serait choquant de le faire à nouveau en quelques mots.

Morita Doji a marqué l’histoire par une improbable transcendance générationnelle, des textes durs et cruels, décrivant le mal-être adolescent avec tant de beauté et de violence. Improbable par le génie de ses mélodies qui alliées aux lames de ses mots seront vous fendre le cœur avec une précision chirurgicale étouffante. Improbable par un succès « posthume » qui a permis de toucher tant de gens et devenir « quelque chose de populaire » plus de dix années après un arrêt soudain, sans un mot, sans un au revoir, après avoir dit « ce que j’avais à dire… Je l’ai dit », et malgré ce succès des années après, elle refusa de chanter à nouveau ou de se présenter dans des médias et ce que jusqu’à sa mort il y a quelques années, qui fut annoncé de façon détournée (par la JARSAC).

2023 fut l’année de Morita puisque nous avons eu le droit pour la première fois à ce disque live, mais aussi la réédition au format vinyle des ces premiers albums, et pour les plus hardcore des fans, la réédition des singles, notamment Sayonara boku no tomodachi et Bokutachi no shippai qui est sans doute la plus belle triste chanson du monde…

Ce disque est surement bien trop cher pour sa qualité sonore fort imparfaite, mais on y entend une série de chansons de ses premiers albums en live, puis elle parle, doucement, plaintivement, timidement, perdue et irréelle…

BILAN ?

Finir l’année avec Morita Doji constitue quelque chose de quelqu’un peu déprimant non ?

En tout cas cette année fut musicalement agréable et il est parfois bon se raccrocher à ce petit quelque chose qui rend la vie pas si naze que ça parfois. Des petits arcs-en-ciel, des rayons de lumière qui égayent un brouillard parfois menaçant.

Bon que dire de plus ?

Bonne année à tous !

Et peut-être reviendrai je ici ou quelque part ailleurs pour parler de toutes ces choses et bien d’autres.

Peut-être…

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