2021 vient de terminer. Je vais donc faire mon traditionnel TOP VAN JMUSIC de l’année. Celui-ci vous permettra de découvrir, je l’espère de nouveaux artistes et les dernières sorties intéressantes en matière de musique japonaise. Tout comme l’année précédente, cette année a été particulière pour les artistes puisque beaucoup ont eu des difficultés de production en raison de la crise sanitaire.
Des concerts ont été annulés, les productions et les enregistrements ont été retardés, cela dit, le développement des concerts en streaming a permis de garder le contact avec tous ces artistes, voir même la possibilité, pour des non japonais, d’assister à des concerts virtuels. J’espère qu’après la fin de la crise sanitaire ce modèle économique perdurera.
Si le TOP 3 a été très simple à faire, car ce fut une évidence, il y a beaucoup de disques très agréables qui sont sortis cette année, et j’ai eu du mal à compléter ce top 10. J’ai donc opté, pour la diversité, et ainsi vous proposez des artistes différents à découvrir. Sans plus attendre, commençons le TOP VAN JMUSIC 2021 :
TOP VAN JMUSIC 2021
(-1-) Nahoko Kakiage – EMPTINESS
Évidemment Nahoko Kakiage remporte la première place de ce top, sans la moindre hésitation. La chanteuse préparait un album depuis plusieurs mois déjà, mais en raison de la crise sanitaire, elle a eu des difficultés de production. Elle a donc décidé sur un coup de tête de sortir son nouvel album intitulé EMPTINESS en téléchargement sur son site officiel.
Autant vous le dire tout de suite, cet album est absolument merveilleux. La qualité de l’écriture et des compositions de la chanteuse n’est plus à prouver. J’ai toujours adoré sa voix, délicate et pleine d’émotion qu’elle utilise avec talent dans une production sonore absolument sublime. Les chansons sont très variées, à la fois très électroniques, mais plus douces parfois. On trouve des balades douces, délicates et très harmonieuses. Bien évidemment, j’ai une préférence pour les thèmes électroniques, souvent sombres, tristes qui constituent l’essentiel de ce nouvel album.
En effet, les thématiques autour de la souffrance, de la mort, de la noirceur, sont très présentes sur cet album. Ajoutez à cela des délires psychédéliques renforcés par des nappes de synthétiseurs puissantes, le tout ciselé avec une production électronique délicate et particulièrement passionnante.
Je pense qu’il n’y a aucune question à se poser : Il faut aller acheter cet album immédiatement. C’est sans aucun doute le meilleur album de l’année et j’espère qu’il dans un format physique, car il mérite clairement sa place dans ma collection. Je pense même qu’ils constituent un de ses meilleurs albums. Je suis tellement ravie que Nahoko continue sa carrière. Elle a un talent incroyable que j’admire depuis autant d’années.
(-2-) Hiroko Taniyama – Hiroko no takuroku
Cet album est une excellente surprise ! En effet Hiroko Taniyama avait mis sa carrière en pause suite à la découverte d’un cancer du sein. Elle s’est soignée, elle va mieux et viens de reprendre des activités musicales qui durent depuis bientôt 50 ans…
Cet album est un peu particulier puisqu’il a été écrit, composé et produit entièrement par l’artiste dans sa maison avec juste l’aide d’un ordinateur. Il contient de nouvelles chansons ainsi que des reprises d’anciens titres totalement réinventés avec de nouveaux arrangements. En quelques mois Hiroko a maîtrisé les logiciels de production et de composition par ordinateur, lui permettant de sortir ce disque très particulier et très intéressant.
On retrouve l’univers délicat, onirique, sombre, mais parfois un peu lumineux, d’Hiroko Taniyama. Ce qui est très intéressant, c’est qu’à l’écoute de cet album, on a l’impression de voyager dans une étrange maison magique avec des portes dimensionnelles qui amènent vers des univers étonnants, délicats et contenants. Je dois dire que j’adore la production sonore par ordinateur fait par Hiroko. Elle ne maîtrise pas le logiciel depuis très longtemps, mais quel talent. Il faut noter la jaquette de cet album qui est vraiment magnifique et très stylé. On la doit à l’artiste MonoKubo. Je trouve que cette illustration représente magnifiquement la musique d’Hiroko.
Dans quelques mois, Hiroko Taniyama fêtera 50 ans de carrière avec un concert exceptionnel. Je suis triste de ne pas pouvoir y aller malgré que je lui aie fait cette promesse. J’espère qu’en 2022, en cette année anniversaire, Hiroko nous proposera plein de surprises. Personnellement, j’aimerais un nouvel album studio. Mais aussi la réédition de l’intégralité de sa discographie, avec un nouveau master (pourquoi pas dans un gros BOX). Cela permettrait de redécouvrir son talent immense avec une meilleure qualité sonore.
(-3-) Kyoko Kiya/Kimura (KYOKO Sound Laboratory) – Kami-sama e
Kyoko est un peu une artiste que j’ai totalement redécouverte cette année. J’avais apprécié quelques chansons sorties dans le début des années 90 puis j’avais oublié cette artiste pourtant très intéressante.
Quelle histoire étonnante que la vie de Kyoko Kiya (de son vrai nom Kyoko Kimura). Plus connue sous le nom de KYOKO Sound Laboratory. Elle a débuté sa carrière au début des années 90 en sortant des chansons POP électros assez intéressantes, avec un univers bien à elle. Mais il faudra attendre qu’elle s’émancipe de sa maison de disque et de ses producteurs pour qu’elle révèle son talent en autoproduction.
Elle a eu une carrière très riche où elle a changé de nombreuses fois de nom. Il serait d’ailleurs intéressant de se poser la question des raisons de ces changements. Notamment des raisons profondes, car elle est la fille d’un grand producteur de musique, Hidetoshi Kimura et de Keiko Abe, compositrice et joueuse de Marimba, qui, dans les années 60, a totalement modernisé, réinventé cet instrument.
Après quelques années d’absence, elle sort enfin un nouvel album. Ce disque m’a étonné et surpris. Je me suis dit, mais qu’est-ce que c’est que ce truc ? Mais au final, j’ai totalement adhéré à l’univers complètement fou de Kyoko. Je ne préfère pas vous en dire davantage, et vous exhorte d’acheter ce disque au plus vite !
(-4-) u-full – Ship’s Log
Le groupe u-full a sorti un nouvel album cette année. Intitulé Ship’s Log, ce nouveau disque varié ne fait que confirmer le talent du duo composé de Yuka Terada et Funahashi Daichi. Contrairement à l’album précédent aux influences arabisantes, ce disque, à l’image de sa jaquette, est un petit coffre au trésor contenant des chansons très variées et diverses.
Bien évidemment, quand on écoute ce disque, on pense au groupe ZABADAK, composé de Yoko Ueno et de Kira Tomohiko (décédé il y a quelques années). Il y a de nombreux parallèles à faire entre ces deux groupes. Ils se ressemblent visuellement, mais aussi dans le style et dans la production. La paternité est d’autant plus évidente, que le groupe a régulièrement repris du ZABADAK sur scène. Ce groupe continue de se développer en indépendant, avec une ouverture hors du Japon. Il propose régulièrement des concerts en streaming. Et je ne peux que vous recommander de découvrir leur musique.
(-5-) Miharu Koshi – Himitsu no tabi – VOYAGE SECRET
Planquez vos mômes, elle est de retour ! Elle a ressorti son plus beau porte-jarretelle, ses bottes en cuir à talon, son maquillage très discret et sa jolie perruque. Eh bien oui ! Miharu Koshi est de retour avec un étonnant nouvel album intitulé Himitsu no tabi – VOYAGE SECRET, en français, bien évidemment.
Cet album m’a plutôt intéressé puisque pour une fois, il ne contient pas que des reprises, mais de nombreuses chansons originales et même des pistes instrumentales plutôt intéressantes. Miharu renoue avec le style électro frenchy années 50, qu’elle semble avoir inventé. J’ai trouvé le rendu assez délicat bien que parfois très kitsch, notamment des reprises en français de chansons américaines de comédies musicales. Ce qui donne quelque chose d’assez déroutant puisque c’est toujours assez étrange d’entendre une vieille chanteuse de 60 ans, minauder et susurrer de bien trop innocentes chansons d’amour tendance sexy…
Outre la jaquette, vraiment vraiment très particulière qui peut faire peur aux enfants, cet album est sorti avec un blu-ray contenant des lives particulièrement dérangeants, mais fortement cool. Donc oui, j’ai plutôt apprécié cet album assez différent de ses derniers opus avec plus de chansons originales, mais aussi des arrangements un peu plus électroniques. Pour les plus fans d’entre vous, la chanteuse a réédité quelques-uns de ses albums cultes des années 80 dans de luxueuses versions vinyle entièrement remastérisées.
(-6-) Piana – raula
La chanteuse Piana a fait son retour cette année avec un album assez différent. Habitué à des chansons et un univers très électronique et planant, Piana propose un album très épuré, presque a capella, avec de nombreux cœurs qui s’entremêlent et se complètent.
L’idée de cet album est un hommage à la nature, sa beauté, sa délicatesse, sa pureté. Je trouve l’utilisation de sa voix très intéressante et pertinente, avec des arrangements subtils, épurés, sans un esprit plus acoustique qu’à l’accoutumée. Un bel album pour voyager et rêver.
La chanteuse a annoncé sur Twitter qu’elle était en train de produire un nouvel album qui devrait sortir dans les mois qui viennent. J’ai hâte de l’écouter.
(-7-) Akaikutsu – OPEN THE DOOR
Autre grand retour de l’année, le groupe Akaikutsu. Ce duo composé de la chanteuse Akiko Higashikawa et du musicien Jumpei Kamiya, revient après 5 ans d’absence. Il propose un nouvel album intitulé OPEN THE DOOR, qui est disponible en téléchargement légal, mais aussi en version disque sur le store du groupe.
On retrouve un savoureux mélange pop folk avec un peu d’électronique, allié aux mélodies toujours très efficaces d’Akiko Higashikawa. Le résultat est vraiment d’un assez haut niveau et je peux presque dire qu’il s’agit du meilleur album du groupe, qui n’a pas cessé d’évoluer tout au long de sa carrière.
Pour la petite histoire, j’ai découvert ce groupe, car je connaissais la chanteuse dont je suivais la carrière solo. Et j’ai été très intéressé par l’alliance de ces deux artistes, chacun apportant un plus à l’autre. Cette fusion a sublimé leur talent et j’espère qu’il ne faudra pas attendre 5 ans avant la sortie de leur prochain album ?
(-8-) KOKIA – Kono sekai no katasumi de
Notre ami KOKIA, toujours et toujours. J’ai beau avoir critiqué et dit beaucoup de mal sur cette chanteuse à cause de sa personnalité et peux être de titres beaucoup moins intéressants sur le milieu de sa carrière, mais j’aime tout de même cette artiste qui a fait partie des premières chanteuses japonaises que j’ai découvertes.
Faute de concert, l’artiste nous sort un nouveau mini-album. Intitulé Kono sekai no katasumi de. Il contient une majorité de balades auto-produites avec piano et guitare. Pour un résultat épuré proche de la musique indépendante. Je préfère largement ce type de production que des gros albums un peu trop grandiloquents. En tout cas, je recommande ce petit album, sans doute bien trop cher pour ce type d’édition.
Mais bon, c’est KOKIA, on la connaît, elle aime l’argent et elle a bien raison. Elle a réussi en créant sa société de production, à devenir une artiste extrêmement rentable à défaut d’avoir un énorme succès populaire. Car après avoir constitué une fanbase, elle s’est rapprochée de cette dernière en lui vendant un maximum de choses via des auto-productions et des auto-éditions, tout en gardant en parallèle sa carrière plus grand public avec des chansons commerciales pour des jeux vidéo ou des animés.
(-9-) Cellzcellar – Dystopian Chanson
Après quelques années d’absence, Cellzcellar est de retour. Ce projet du musicien Mitsugu Suzuki nous propose un nouvel album intitulé Dystopian Chanson. Ce nouveau disque contient 10 titres et prend la suite logique des précédents albums que j’avais fortement appréciée.
Ce disque propose une grande variété de style, avec un mélange de rock gothiques, de baroque, de musique médiévale, de folk et bien entendu de musique électronique. Pour la partie vocale de son album Mitsugu Suzuki qui fait nouveau appelle à la chanteuse köttur, qui possède une très belle voix qui colle parfaitement au style un peu fou et étrange de Cellzcellar.
Je vous recommande bien sûr d’acheter ce nouvel album. Il est disponible sur Bandcamp de l’artiste. Je pense qu’il est important de se procurer son disque, car c’est un artiste indépendant. Notez que la jaquette est vraiment très intéressante et plutôt jolie et correspond parfaitement à l’univers décrit par le musicien.
(-10-) Nagano Tomomi & Atsushi Tsuyama – Darrièr lo chastel de Montvielh
Faute de proposer un disque contenant de nouvelles chansons la chanteuse Nagano Tomomi s’associe à Atsushi Tsuyama pour nous produire un album de reprises de chansons folkloriques, majoritairement européennes.
Le résultat est très audacieux et très charmant. C’est toujours intéressant d’entendre des artistes d’une autre culture s’approprier des chants traditionnels d’autres endroits. Et puis soyons honnêtes, certaines des chansons de cet album sont des classiques de la chanson folklorique française et personne ne les connaît en France. C’est d’ailleurs très intéressant d’entendre ces deux artistes japonais chanter en vieux français.
Comme vous le savez, j’adore vraiment la voix de Tomomi Nagano. Elle me touche, je la trouve émotive et pleine de subtilité. Mais outre cet album sympathique, j’attends vraiment un disque avec des chansons originales par Tomomi Nagano. Peut-être en 2022 ?
(-10 1/2-) TWO-MIX – 25th Anniversary ALL TIME BEST
Laissez-moi tranquille. Laissez-moi assumer une part de très mauvais goût. Pour le symbole et pour la blague. Je vais classer en 10 et demi, le nouveau super best of de TWO-MIX, intitulé TWO-MIX – 25th Anniversary ALL TIME BEST. Je ne vais pas encore argumenter et vous expliquer que malgré les apparences, ce groupe a fait une musique d’une certaine qualité, même si ça ne s’entend pas immédiatement. En tout cas, loin des succès des génériques qu’ils ont produits, ce groupe a un vrai univers sans doute très kitsch, mais extrêmement spécifique et particulier.
Je vous rappelle que ce groupe est composé de la Seiyuu/compositrice/chanteuse Minami Takayama et du parolier et créateur d’univers, mais aussi producteur, Shiina Nagano. Cela fait de très nombreuses années que le groupe ne produit plus grand-chose, puisque Minami Takayama s’est désintéressé de sa carrière musicale et Shiina Nagano s’est battu très longtemps contre une maladie chronique dont il souffre encore actuellement.
Mais malgré les années, il existe encore des fans de TWO-MIX puisque la sortie de ce best-of a fait de très bons chiffres dans les ventes, se classant dans le top 5 des ventes d’albums la semaine de sa sortie. On retrouve donc une sélection de singles et quelques chansons entièrement remastérisées, et je dois dire que ce travail était utile. Il contient également un Blu-ray avec quelques vidéos rares sorties à l’époque en VHS et DVD (encore une fois remastérisé). Mais aussi un 3eme disque un peu décevant pour ma part puisque je me m’attendais à un long non stop mix, ce qui est le cas, mais sans la voix de Minami Takayama, remplacée par une espèce de violon synthétique dégueulasse.
Je regrette également que l’on ne retrouve pas de nombreux titres un peu plus rares dans les albums qui sont pour moi les meilleurs. Je pense que TWO-MIX mérite une série de réédition d’album ou alors un super méga box pour fan contenant l’entièreté de leur discographie avec un nouveau master. L’avenir nous le dira… Donc oui, j’assume mon goût particulier pour ce groupe qui a marqué une période de ma vie et dont j’ai parfois un masochiste plaisir à réécouter.
BILAN
Voilà pour cette petite sélection. Voilà pour mon top de l’année. J’espère qu’il vous permettra de découvrir des artistes peu connus, voire très indépendants. En tout cas, je ne peux que vous recommander de vous procurer les trois disques du TOP 3, qui sont pour moi d’un très haut niveau.
L’année n’a pas été facile pour beaucoup d’artistes en lien avec la crise sanitaire. Mais les choses semblent un petit peu s’améliorer depuis quelques mois. J’attends de 2022 de très bonnes surprises. Pour l’instant, rien ne semble annoncer, mis à part le nouvel album d’Akino Arai, qui sera sans doute génial comme d’habitude et sera prêt pour disputer la première place du TOP VAN JMUSIC 2022.
Cela fait plus de 2 ans que je ne suis pas allé au Japon pour découvrir des artistes et assister à des concerts. Ce rituel annuel me manque un peu, même si beaucoup d’artistes se sont mis au streaming, ce qui permet de les découvrir sur scène. Ce partage direct me manque, même si j’ai de gros doutes pour 2022, j’espère pouvoir retourner au Japon en 2023 pour vous ramener plein de belles choses.
N’hésitez pas à proposer de nouveaux artistes à écouter et découvrir. Si je suis moins actif depuis quelques années, je continue à prendre un peu de temps pour vous partager une passion qui dure dans le temps et qui me procure du plaisir. Je suis sans doute un vieux ringard pour m’intéresser à ces artistes finalement peu connus, mais ils me plaisent, me font vibrer, me font réfléchir, me font rêver, voyager et parfois m’énervent quelque peu. Mais c’est sans doute ça la magie de la musique. Bonne année à tous.
Merci pour ce beau best-of très éclectique, il y en aura pour tous les goûts ! Je ne connais bien sûr pas tous les artistes, mais ça donne envie d’en découvrir certains. 100% d’accord avec toi pour Kokia, son coté vénal, mais aussi sa grande créativité lorsqu’elle fait juste du piano-voix ou guitare-voix. Très bonne année 2022 en espérant que les frontières s’ouvrent un peu plus que les années précédentes et que les artistes japonais puissent nous sortir quelques belles galettes (quoique j’ai vu qu’ils ressortaient aussi de vieilles cassettes…)